samedi 12 novembre 2022

Le poème de Dieu

Je vous accorde qu'à l'origine, on était supposé causer ici de politique, pas de sentiments. Du sérieux, du visionnaire ! Non pas tant pour le seul plaisir de poser ses petites zopinions sur des sujets d'actualité ; c'est plutôt qu'on avait besoin de cogiter, à l'époque. On voulait comprendre, principalement, comment il se pouvait que l'estrèmedroâte, qui était par définition le mal absolu, eût néanmoins raison sur tout. L'inévitable conclusion n'allait pas tarder à s'imposer ; après quoi tout le reste de nos élucubrations ne pouvait guère viser davantage qu'à documenter, avec plus ou moins de verve, le lent et désespérant suicide assisté de la civilisation occidentale.

Il faut avoir la foi chevillée au corps pour croire au débat public. N'en déduisez pas pourtant que je me sois défilé ; j'y suis allé, au charbon, j'ai participé au tohu bohu ambiant... Il fallait faire connaître la vérité au monde, en tendance Twitter si possible ! Dialoguer avec les sourds, hurler avec les loups, commenter les commentaires, faire pousser du bon grain au milieu de l'ivraie...

Peine perdue, évidemment : la vérité a besoin du silence.

Mais les gens n'en veulent pas, du silence. Ils en ont peur, ils le méprisent, ils le haïssent, ils l'évitent à tout prix ; ça leur ferait un drôle de traxire de se retrouver face à eux-mêmes dans l'intimité de leur chambre, comme le leur a pourtant suggéré le Seigneur Jésus Christ - qui est la vérité incarnée. Pas la moindre fraction de seconde de silence, surtout pas. Proposez à leur âme surchargée, par exemple, un morceau de musique qui comporterait ne fût-ce qu'un demi-soupir : ils ne comprennent pas, ils s'affolent, ils veulent être remboursés ! Pas de pause, pas de contemplation : il faut que ça bouge, me disait une corpulente nounou en route pour son cours de zumba, à qui je vantais les mérites du chant grégorien.

Et puis, la vérité, ils s'en tamponnent le coquillard ! Ils font bien semblant, les hypocrites, quand on va pieusement recueillir les zopinions de la foule électorale ; ça joue les moralistes, les coeurs purs, les justiciers... mais dans le fond, tout ce qu'ils veulent c'est rester bien planqués au sein de la meute la plus hurlante, la plus puissante, celle dont les hululements ininterrompus écrasent tellement la concurrence que l'absence de contradiction leur donne l'impression d'être dans le camp du bien.

La vérité n'est pas démocratique.

La politique ne peut pas être vraie.

Reste la vie. Nos pauvres vies d'être humains empêtrés dans leur misère valent pourtant la peine d'être vécues, et donc d'être racontées - à condition d'y mettre les formes !

Nous sommes le poème de Dieu, disait Simone Weil, commentant saint Paul. Nous ne sommes pas, ne pouvons pas être à la hauteur de ce créateur, mais si nous sommes un poème, il faut donc bien que notre histoire rime à quelque chose ! 

Il faut mettre sa peau sur la table : du vrai, rien que du vrai, s'écorcher soigneusement soi-même, avant d'envisager d'aller faire la peau des autres. Et si le scénario est mauvais, il n'y aura qu'à soigner les décors, les personnages secondaires, le vocabulaire, et trouver l'angle d'attaque qui mettra un peu de rythme - mais mentir, jamais !

*

J'éprouvais une grande amitié pour Emilie, qui nous accueillait ce soir-là dans sa tour du quartier chinois, mais beaucoup moins pour ses amis, qui étaient pour la plupart d'insupportables militants de gauche branchouilles, bourrés d'autosatisfaction et de tics verbaux. Je m'éloignais de plus en plus de ce milieu, déjà, et de toutes façons je n'avais jamais été un gauchiste ; j'étais anarchiste, ce qui est différent.

Nous nous étions connus à Grenoble, à la grande époque de la vie étudiante et militante. Des années folles qui étaient déjà loin derrière nous. Désormais je travaillais à Nanterre dans la lugubre tour de la préfecture, quelque peu retiré de la circulation ; et je pansais de vieilles blessures dans l'attente d'un éventuel petit rayon de soleil.

lundi 7 novembre 2022

Des profondeurs j'ai crié

Drôle de bistouri qui est venu me chatouiller les intestins l'autre nuit. Je m'étais pourtant arrangé ces derniers temps pour n'avoir aucune occasion de penser. Les journées, les soirées remplies jusqu'à ras-bord ! Les sentiments, au garage ! Pas question de perdre du temps en introspections stériles, sans même envisager de scribouiller.

Tellement je n'avais pas envie de penser, j'ai repris des études de mathématique. A la Sorbonne, s'il vous plaît, quoiqu'à distance.

Alors par exemple, en mathématiques, un des bazars les plus finauds, c'est les intégrales. Assez velu à palucher, il faut bien l'admettre, mais enfin, c'est du travail d'orfèvre. Si tu veux intégrer une fonction par changement de variable, entre autres, tu as déjà intérêt à savoir tout le formulaire de dérivation par cœur, puis il faut repérer dans ta fonction un bout qui se dérive facilement, et un autre bout qui s'intègre bien...

Sa minijupe à ras-le-bonbon contrastait étrangement avec ses joues potelées de petite fille ingénue, mais l'objectivité forçait à admettre qu'elle la portait bien...

...Et donc, une intégrale, pour expliquer, c'est le contraire de la dérivée. Par exemple, la vitesse est la dérivée de la distance parcourue. Et l'accélération est la dérivée de la vitesse...

...J'étais arrivé très tard à la soirée chez E, quelque part dans une tour avenue d'Italie, et la fête battait déjà son plein. Pourtant P et F m'avaient prévenu qu'Elle y serait...

...Eh bien, imaginez une courbe représentant l'évolution de la vitesse instantanée d'un truc, alors vous calculez l'aire de la surface sous la courbe, et vous avez la distance parcourue par le truc...

...On était en septembre, et je ne l'avais pas vue depuis la fête de la musique...

...Mais si la vitesse change tout le temps, c'est pas jouasse à calculer, alors on cherche la primitive du bouzin...

...Et comme Mathilde dans la chanson, elle était encore plus belle qu'avant l'été...

D'accord. J'ai bien conscience de pisser dans un violon avec mes intégrales. Si vous préférez des histoires de greluches plutôt que de vous cultiver un peu pour une fois, libre à vous, mais enfin, je vous préviens, ça ne va pas être du Casanova.

C'était il y a dix-neuf ans. Pourquoi est-ce que ça me revient dans la gueule en pleine nuit ?

Ecrire, alors ; comme si j'avais le temps ! Reprendre les choses au début, ou dans le désordre, peu importe. Retourner voir dans les profondeurs ce qu'il s'y mijote, dans ces entrailles délaissées. Des profondeurs j'ai crié vers toi Seigneur, disait le roi-poète. Reste à savoir s'il s'agira d'un cri de peur, de haine ou d'amour.

(à suivre)



dimanche 19 avril 2020

La raison grâce à Dieu

L'inconstance de l'individu moderne le fait glisser aux extrêmes en un clin d’œil lorsqu'il s'entiche d'une idée. 

Seul l'attachement à la religion chrétienne authentique permet de raison garder sans effort particulier.

Se méfier des juifs sans devenir antisémite, penser la différence des peuples sans devenir raciste, la différence des sexes sans misogynie, l'égalité des hommes sans tomber dans l'égalitarisme, le respect de l'autorité sans servilité ni culte du pouvoir, combattre l'injustice sans tomber dans la révolte (laquelle ne sait que provoquer de nouvelles injustices sans forcément résoudre les anciennes) ; autant d'attitudes qui ne peuvent relever que de l'ordre divin et non humain.

mardi 25 septembre 2018

L'incroyable à votre table

Le surnaturel dans ta gamelle

Je dois bien avouer que je me tiens la plupart du temps à une distance respectable de toute forme de réclame publicitaire, dans le but de préserver ce qui me reste de cerveau disponible, qui pourrait peut-être ainsi, peut-être, si Dieu le veut, œuvrer un jour si peu que ce soit en faveur de quelque chose de beau et de grand. Ce qui implique de se tenir à l'écart de la médiocrité obligatoire de la pub.

Ce n'est donc souvent que dans les couloirs du métro que je puis trouver de quoi alimenter cette exégèse, et depuis une semaine je commençais à désespérer de me trouver à sec, car l'affichage était, il faut bien le dire, très peu inspiré.

Et voilà que tout à coup, me tombe sur le nez le contrepoint exact du slogan de la semaine dernière. Ô vertu de la saine et purifiante concurrence : après Uber Eats, voilà que son rival immédiat, Deliveroo, se sent obligé de repasser les plats. Sous la photo d'un appétissant bol de ce roboratif plat chinois que les bobos connaissent sous le nom de bobun, Deliveroo nous délivre sa parole :

"L'incroyable à votre table".

Et c'est vrai qu'on a de la peine à le croire.

Dans les temps anciens et ténébreux, mettons à l'époque de Marco Polo, déguster un bon bobun nécessitait une longue et coûteuse expédition, pleine de dangers et dont la réussite était rien moins qu'aléatoire. Certes on revenait alors, si ce n'est les bras chargés de trésors, en tout cas la tête pleine de toutes ces merveilles qu'on avait pu accumuler et qu'on brûlait de conter à ses compatriotes ébahis et incrédules.

Mais tout de même, l'investissement n'était pas à la portée du premier venu.

Alors que recevoir directement sur sa table Ikea, tiré du sac à dos d'un cycliste suicidaire et ruisselant de sueur, un plat issu d'une lointaine et pluri-millénaire civilisation, voilà qui est tout bonnement incroyable. Seule la modernité triomphante pouvait nous offrir un tel miracle (au modeste prix, certes, du déracinement de tous les peuples du monde).

Comme saint Thomas qui ne croit que ce qu'il voit, le consommateur n'aura donc de cesse que de vouloir toucher cette chose incroyable, et donc de passer commande auprès de l'annonceur : voilà donc un slogan bien envoyé qui devrait faire mouche.


Mais là n'est pas le principal, car dans la pub les contingences matérielles ne sont rien à côté du message spirituel qu'elles envoient sans le savoir.

Car il est une autre Table où se produit, chaque jour, un mystère que l'homme moderne considère comme tout bonnement incroyable : c'est la table du saint sacrifice, partout où restent encore des hommes investis du sacerdoce divin, se produit le miracle de la transformation du pain en le corps du Sauveur.
  
Et ceux qui y croient, parce qu'ils ont reçu la divine vertu de la foi, peuvent s'approcher de la table pour recevoir ce corps incroyable.

Incroyable mais vrai.

 Approchons-nous de la table où le Christ va s’offrir parmi nous,
Donnons-lui ce que nous sommes, car le Christ va nous transformer en lui.

samedi 15 septembre 2018

Laissez-vous livrer là où la vie vous mène


Au temps du roi Darius, les Judéens exilés eurent la permission de reconstruire le Temple de Jerusalem, qui avait été rasé 70 ans auparavant par le terrible Nabuchodonosor. Le livre d'Esdras relate cet émouvant retour après les longues années d'exil.

C'est avec une émotion similaire, mais sans plus de cérémonie, que je reprends ce blog en friche.

Nous allons désormais nous attacher à un projet ambitieux, celui de rechercher, sur les pas du grand Léon Bloy, les traces de la présence divine au beau milieu de la boue du monde bourgeois contemporain. Mais tandis que Bloy  s'était attelé à faire l'Exégèse des lieux communs, j'explorerai ici (avec infiniment moins de talent) une nouvelle matière, tout aussi prometteuse : celle du slogan publicitaire.

En effet, de par son extraction bourbeuse, de par sa désinvolture déconnectée de toute bienséance, de par son objet utilitaire tendu vers un objectif unique (vous faire acheter), celui-ci est le plus à même, sans le savoir, de transporter des signes du divin, telle une Pythie vaticinant dont seul le sage peut décrypter les oracles.



Premier épisode de cette exégèse de la pub : vu dans le métro, une affiche pour Uber Eats, dont la devise était "Laissez-vous livrer là où la vie vous mène".

On ne pouvait que frémir à la vue de cette affiche, et j'admire les passants stoïques qui, affairés sur les écrans de leurs smartphones, parvenaient à retenir de verser des larmes de sang sous cette parole terrible.

Car ces gens, qui n'ont plus le temps ni de cuisiner ni d'aller au restaurant, ont désormais la possibilité de recevoir leur pain quotidien là où la vie les mène. Qu'est-ce à dire ? Qu'ils se laisseraient porter, tels des feuilles mortes, par les courants du destin païen ou du fumeux "hasard" moderne ?

Point du tout, car il est question de se laisser mener par la Vie : or c'est bien le Christ qui a déclaré : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Pour se faire livrer, il faut donc se laisser mener par le Christ. Le suivre en abandonnant tout.

Alors seulement vous pourrez vous laisser livrer. Comme Jésus accepta d'être livré par Judas au jardin de Gethsemani, après une nuit de prière et d'agonie. Comme il accepta de boire la coupe jusqu'à la lie.


Alors, oui, avec Uber Eats, je vous le dis : laissez-vous livrer. Au prix exceptionnel (sacrifié) de 29,99 deniers.

(PS : Évidemment, puisque la publicité est d'essence satanique, ses messages sont inversés : il va sans dire que chez Uber Eats (enseigne post-moderne qui a réinventé le travail à l'heure), c'est le livreur qui sue sang et eau, tandis que le livré sombre dans le désespoir devant sa télé).

jeudi 1 septembre 2016

Coeur de Français






Des milliers de clochers dont le plus haut est visible à dix jours de marche...







 






Un royaume fondé par le baptême d'un roi barbare au cœur d'un âge de ténèbres...





 





Des siècles d'histoire tapissés de joies et de peines...




Des cités, des monastères, des châteaux dont les fondations plongent dans les entrailles de la terre...







...C'est la France.

C'est mon pays.





Nous avons assez de saints pour faire pâlir les évêques de Rome...

Des légendes derrière chaque pierre...

Des paysages devant lesquels tomberait en extase n'importe quel Américain...





Et des peuples par centaines : notre miracle national.


Auvergnats économes, Picards, Bretons têtus, Champenois, Alsaciens rigoureux, Languedociens, Normands, Corses fiers, Gascons, Bourguignons, Provençaux, Lorrains, Limousins...

Assez de fromages, de pinards et de charcuteries pour faire un apéro dégustation jusqu'à l'Armaggedon.



 



Je connais par cœur chacune des provinces de France, chacune vit dans un terroir à sa convenance, avec éclairage, température et l'humidité bien dosés pour que nos produits locaux soient goûteux.







Les voyageurs du monde entier viennent dans ce pays pour se coltiner des garçons de café revêches, en quête de gastronomie et d'amour à la française. Ils se pressent tous pour venir dépenser leurs yens chez moi.






Et vous, vous débarquez avec vos têtes de chaussettes en exigeant que mon pays se soumette à vos lois ?




Vous êtes fous !



(D'après Lewis Trondheim, Cœur de canard)

lundi 1 août 2016

La Bible tu ne liras point

Avant-hier sur la station de radio "France" "Culture", allumée on ne sait pourquoi dans notre champ d'audition : le philosophe (*) Michel Onfray délivre son enseignement à la foule. Critique de l'emprise des médias sur les cerveaux, appels à éteindre télés et smartphone... Ça ne vole pas très haut, mais on se prend à tendre une oreille sympathisante.

Voilà que le philosophe fait en revanche l'éloge des livres et de la lecture. On plussoie. Ah oui, mais attention : pas tous les livres ! Il en existe en effet dont M. Onfray décourage franchement la lecture à ses ouailles. Presque, même, il les leur interdit. En effet, il ne faut pas lire, dit-il (je cite de mémoire), les livres dont les monothéismes considèrent qu'ils sont les seuls à devoir être lus. Et de citer expressément : le Coran et la Bible.

On coupe la radio, consterné.

On comprend déjà , dans un premier temps, comment M. Onfray, tout contestataire qu'il soit, a ses entrées à France Culture et sa place de parking à la maison de la radio : c'est qu'il rentre parfaitement dans le cadre du programme :
"Racontez ce que vous voulez (et n'importe quoi de préférence), pourvu qu'à un moment vous pensiez à cracher sur le christianisme". Et voilà comment nos flambants intellectuels rebelles à l'ordre établi (que le monde nous envie) ont néanmoins table ouverte et open bar sur le service public.

Malgré tout, on a du mal à croire qu'une énormité pareille puisse passer auprès d'un public soi-disant cultivé, ou désireux de l'être.

Déjà , on aimerait savoir qui a dit qu'il ne fallait pas lire d'autre livre que la Bible. Quel concile, quel pape, quel père de l’Église ? Certainement pas Augustin d'Hippone, ni Jérôme de Stridon, ni Thomas d'Aquin, ni Benoît XVI, qui avaient manifestement quelques bouquins dans leurs bibliothèques respectives. Alors qui ?

De tous temps les chrétiens ont eu dans leurs rangs de grands savants, honorés par toute L’Église, qui avaient lu bien des livres, y compris parmi la littérature non chrétienne (et c'est d'ailleurs grâce à eux que M. Onfray peut aujourd'hui parler de Platon et d'Aristote). Prétendre que le christianisme commanderait de ne pas lire d'autre livre que la Bible relève de la désinformation pure et simple - et d'ailleurs, s'il est un reproche à faire aux catholiques, qui restent l'espèce de chrétiens la plus fréquente dans le pays où vit M. Onfray, c'est plutôt de ne pas lire assez la Bible...

Une calomnie de plus. Mais qu'importe : les athées croient n'importe quoi pourvu que ça dise du mal de l’Église.

En revanche, ce qui est vrai à mon sens, c'est que si on ne doit lire qu'un seul livre dans sa vie, il sera certainement plus profitable de lire la Bible que n'importe quel autre livre ou compilation, fût-elle l'œuvre complète de Michel Onfray. Car dans l’Écriture Sainte se trouve toue la folie et toue la sagesse du monde, ainsi que sa rédemption. Il n'existe aucune production humaine semblable à ceci. Ou qu'on m'indique laquelle.


Il est donc déjà navrant que M. Onfray fasse croire aux auditeurs du Service Public que le christianisme réprouve la lecture des livres, en dehors de la Bible. Mais le plus affligeant reste quand même que le philosophe se mette, lui, en revanche, à proscrire à ses disciples la lectures de certains livres impies, et que ça passe comme une lettre à la poste (l'enregistrement qui passait à la radio provenait d'une conférence publique, or on n'entend à ce moment ni les sifflets ni les huées qui auraient dû se produire dans toute audience un tant soit peu saine d'esprit).

Sectateur de Michel Onfray, donc : tu ne liras ni le Coran, ni la Bible. Pourquoi ne pas lire le Coran ? Je ne l'ai pas lu moi-même, je l'avoue, mais je n'en retire aucune gloire particulière. Je le ferai dès que j'en aurai le temps (et que j'aurai épuisé la pile de bouquins à lire absolument, sur l'étagère). Pour ma culture générale, pour connaître la référence de ceux qui nous attaquent, pour comprendre les quatorze derniers siècles de l'histoire du monde.

Mais ne pas lire la Bible !? Dans un pays et un sous-continent forgé par la foi catholique ? Où pas une œuvre d'art importante (en musique, en peinture, en architecture) ne s'est fait en dehors de cette référence pendant des siècles ?

Plus encore : pour un athée militant anti-chrétien, ne pas lire la Bible ? Mais alors ils ne savent rien, ne veulent rien savoir de ce qu'ils combattent avec la dernière vigueur ? On espère quand même que M. Onfray en a ouvert un exemplaire, et quelques autres ouvrages chrétiens, avant d'écrire son "traité d'athéologie", à mois d'être un escroc intellectuel complet. Alors, s'il les a lus, de quel droit préconise-t-il aux autres de ne pas le faire ?

"Il est absurde au plus haut point qu'un bachelier ait pris connaissance des poèmes du Moyen Age, de Polyeucte, d'Athalie, de Phèdre, de Pascal, de Lamartine, de doctrines philosophiques imprégnées de christianisme comme celles de Descartes et de Kant, de la Divine Comédie ou du Paradise Lost, et qu'il n'ait jamais ouvert la Bible", écrivait Simone Weil il y a 70 ans. Certes les bacheliers d'aujourd'hui ne lisent absolument plus rien de ce qu'elle énumère. Mais tout de même...


Toi qui passes ici, éteins donc ton ordinateur et va lire un livre. Celui que tu veux. Même du Michel Onfray si ça te chante. Car, comme disait Saint Paul : tout est permis, même si tout n'est pas bon...



(*) Oui, on aurait pu s'attendre à des guillemets aussi à philosophe. Mais ce mot est-il aussi prestigieux qu'il le prétend ? La philosophie moderne, vaste entreprise de ratissage orgueilleux de la pensée, ne mérite-t-elle pas finalement Michel Onfray ?